2
juillet 2015. Onze heures trente. Nous quittons la Roumanie et entrons en
Hongrie.
Cent
cinquante kilomètres de champs, une route plate, bordée de pistes cyclables,
une foule à vélo, deux trois traban, des cigognes et cigogneaux à la
pelle.
Deux charrettes.
Deux charrettes.
2
juillet 2015. Seize heures quinze. Nous quittons la Hongrie et entrons en
Slovaquie.
Si
nous étions soudain parachutés, les yeux bandés dans ces plaines agricoles ourlées
de petits villages coquets, on pourrait imaginer qu'on est en Suisse. Le choc.
Tout est à nouveau propret, le gazon coupé raz, les villas, pimpantes. La
piscine et le trampoline au milieu du jardin, les enfants à vélo, les
poussettes, les mamans, les bébés, tout ce petit monde bien fagoté, les
horaires aussi, bien ficelés, on ferme!
Zéro
charrette.
Sursauts
de roche à mesure que l'on approche de la chaîne des Tatras, culminant à 2655 mètres
et des poussières. Le paysage s'embellit. Et soudain, plantés devant nous, les
pics, paraissant immenses au-dessus de toute cette platitude, la chaîne, haute
mais courte: seulement vingt-six kilomètres de long qui lui valent le surnom de
"plus petite haute montagne du monde".
Deux tiers sur territoire slovaque, un tiers en Pologne.
Deux tiers sur territoire slovaque, un tiers en Pologne.
2
juillet 2015. Vingt heures quarante neuf. Nous quittons la Slovaquie et entrons
en Pologne.
La Pologne
Une
première image: une vie fourmillante à passé vingt et une heures, des couples,
des jeunes, des vieux, des familles entières qui rentrent de rando, sac au dos,
des cyclistes qui grimpent la côte...
Toute
la Pologne sportive et amoureuse de la nature, et plus encore, tous les pays du
nord, de la Suède aux Pays Baltes, pour qui les Tatras, culminant à plus de
2000 mètres, représentent les montagnes au caractère alpin les plus proches et
les plus accessibles, se retrouvent réunis dans ce splendide parc, agglutinés
sur ces magnifiques pointes. La montagne est grande, pourtant le moindre
sentier, le moindre sommet, du plus facile au plus inaccessible sont pris
d'assaut, dans une ambiance bon enfant.
Bienvenue à Zakopane.
Bienvenue en Suisse!
Un
petit camping avec vue sur les Tatras, prairies et forêts, où il fait bon traîner,
un air indubitable de vacances, et enfin des petites copines polonaises pour
les filles qui ne veulent plus décoller.
Veronika,
dans la caravane voisine avec ses grands-parents, et Zusa, petite-fille des
propriétaires.
Le soleil tape, on récupère heureusement notre frigo grâce au savoir-faire d'un camping-cariste belge expérimenté.
Le soleil tape, on récupère heureusement notre frigo grâce au savoir-faire d'un camping-cariste belge expérimenté.
Un
premier contact avec la gastronomie locale complètement raté.
Un
deuxième pour rattraper le premier, qui ne vaut guère mieux. Le gras suinte à chaque
coup de fourchette, une flaque se forme sur laquelle surnage la "kotlet
Zabi Dwor", selon la mode d'un chef visiblement peu concerné par la diététique.
Les
rues de la ville sentent la saucisse et le fromage, la choucroute et le boudin.
Les Moskol z maslem, galettes de pommes-de-terre servies
avec un beurre à l'ail ou une crème aigre douce sont succulentes et sortent la
tête haute de ce bain gourmand du nord, qui nous éloigne plus que jamais de la
cuisine délicate et légère de la Méditerranée. Les pierogi ruskie,
sortes de momos tibétains revisités, cuits à la vapeur, séduisent les filles.
Ils se mangent salés -au fromage de chèvre, pommes-de-terre et oignons, viande
choucroute, mozzarella tomates, épinards féta- ou sucrés, aux myrtilles ou à la
framboise.
Nous
nous rabattons bien vite sur les légumes et fruits frais de la région, plus
faciles à trimbaler le lendemain sur les sentiers des Tatras dans un ventre qui
sourit d'aise.
De
belles marches, le long des rivières, comme celle de Dolina Strazyska, avec au
terme l'ascension du Sarnia Skala, culminant à 1376 mètres (!) et pourtant, un
air qui tient davantage des Préalpes que
du Jura.
Les
filles, qui ailleurs soulevaient les exclamations admiratives d'autres
randonneurs, passent totalement inaperçues ici au milieu des bambins pas plus
hauts que trois pommes qui alignent les kilomètres et gravissent les sommets,
accusant bravement le dénivelé.
Des
randonnées motivantes pour les filles, comme celle de Dolina Koscieliska, jolie
vallée se faufilant entre deux versants karstiques, qui passe par un fumoir à fromage
et surtout au travers de galeries naturelles. La première, la Mrozma, 500 mètres
de long, aménagée et éclairée nous donne un bel aperçu de ce monde souterrain
que nous foulons sans en avoir conscience. La deuxième, la Mylna, qui a sans
doute donné des frissons à plus d'un, nous interpelle déjà à la montée, alors
qu'un flot de randonneurs rebrousse chemin, les uns nous demandant dans un mélange
de polonais et de langage gestuel si on va vraiment monter là-haut. Tak, lançons-nous, le
sourire niais. On comprend mieux lorsque le balisage, le sécurisant
rouge-blanc-rouge, celui qui nous accompagne depuis des lustres sur les
sentiers, en lequel on a placé toute notre confiance.... marque soudain l'entrée
d'un trou à rat qui s'enfonce dans une obscurité humide. Une demi-heure de spéléologie
au travers de boyaux étroits, les genoux dans la boue, le plus souvent à quatre
pattes, pour le plus grand bonheur des filles, plus que celui des parents qui
n'ont plus l'âge ni la souplesse requise.
Zakopane
a tout pour plaire aux familles. Randonnées de tout niveau, grottes, bergeries,
luna park, aquapark, télésiège, funiculaire, tobogganing... et une merveilleuse
piscine thermale, avec toboggan et vue imprenable sur les Tatras, où nous lézarderons
deux après-midi.
Zakopane
offre aussi un accès à de pittoresques refuges de montagne, et un merveilleux téléphérique.
Tous deux malheureusement inaccessibles. Les refuges sont complets depuis belle
lurette. Quant au téléphérique, tous les billets on-line sont vendus depuis
longtemps, il reste l'option de la file d'attente, que l'on tente le lendemain.
Vraisemblablement plus de deux heures à brûler au soleil... autant monter à pied.
Encore une fois, mêlés à des centaines de randonneurs sur les sentiers. Et
heureux d'apprendre de la bouche d'un polonais habitué des lieux que juillet
est vraiment une belle période, car il y
a peu de monde.
Malgré
la foule, magnifique balade à travers prairies et forêts, dégoulinants en chœur
sous le soleil de plomb. Sept cent mètres de dénivelé jusqu'à un premier lac,
le Czarny Staw Gasienicowy, trois cent de plus jusqu'au col du Karb,
surplombant quatre autres magnifiques lacs de montagne, quelques minutes d'hésitation
devant la splendide dalle qui mène au sommet du Koscielec et promet quelques
petits passages de grimpe douce qui font baver les filles, à l'accès cependant
barré de panneaux de mise en garde, mais en polonais, de toute façon, on n'y
comprend rien, l'intuition que ce sera trop pour les filles, malgré leur envie,
le sommet tout de même en extra pour moi, en contrepartie de toutes les parenthèses
ornithos de monsieur.... Et le bonheur trois cent mètres plus haut,
l'impression de planer sur cet éperon qui pointe au milieu de rien, une vue
splendide sur la très difficile et mortelle crête en via ferrata entre le
fameux Swinica et le Skajny Granat.
Très belle descente, interminable. Il est tard mais le sentier est encore bondé. Difficile de dire qui, du chemin de pierre brise-mollet ou du flot de paroles ininterrompu des deux miss au faîte de leur forme, nous achève le plus en cette fin de journée. Toujours est-il que les plus vieux, fourbus, mettent le pilotage automatique en branle, tandis que les plus jeunes, qui ont acquis une endurance à toute épreuve, nous sèment à la montée autant qu'elles nous tirent à la descente.
Cap
sur Cracovie.
@rts |
Petit
pied à terre à quelques kilomètres de la ville... chez un concessionnaire de
camping-car.
L'occasion de réparer store, feu, tuyaux de gaz et autres
broutilles, et d'emprunter la magnifique piste cyclable qui longe la Wisla
jusqu'à la ville que nous arpentons en long et en large.
Bienvenue
à l'Est, dans l'univers des cyclistes. Des centaines de vélocipèdes se
baladent, petits et grands, jeunes et vieux, des charrettes au train, des
bambins sur le siège. Un doux air de vacances, une terrasse, le soleil.
L'occasion aussi d'offrir à Zoé son cadeau d'anniversaire: une journée à l'Aqua-Parc.
Cracovie,
une belle ville, dynamique, pleine de tentations.
Des
terrasses rivalisant de charme. Sans doute les plus belles, les plus
originales, les plus design que nous ayons croisées pendant le voyage.
On
remue le passé dans l'ancien quartier juif de Kazimierz, la visite de la plus
vieille synagogue de Cracovie nous plonge dans la culture juive, et dans
l'histoire dramatique de ces milliers de déportés, de leur vie dans le ghetto,
on tente d'expliquer l'inconcevable aux filles qui débordent de questions.
La cuisine juive et israélienne embaume les ruelles... Alléchantes senteurs de baba ganush et d'agneau grillé.
Le
cœur de la vieille ville palpite, les places sont animées, retentissantes de
musique et de rires, alors que le festival des artistes de rue bat son plein.
Et
des odeurs, encore des odeurs qui brassent l'air, on y retrouve tous les pays pêle-mêle.
La
cuisine y est moins lourde qu'en montagne, raffinée même, aux influences
germaniques, hongroises et russes. Viandes en sauce, goulasch sur galettes de pommes-de
terre, pierogi ruskie, à base d'oignons, de fromage et de
pommes-de-terre.
Une
cuisine fusion également dans les restos branchés qui essaiment la
ville, de même qu'une kyrielle de petits bistrots où on mange sur le pouce, en
self-service et pour quelques francs, spécialisés dans le slow food, le vegetarian
et le vegan, ou dans les pierogi, avec un éventail de choix
pluri-culturel lui aussi.
Les
yeux et le nez plus que la bouche se gavent de toutes les saveurs qui affolent
nos sens. Plus assez de temps pour un voyage gastronomique approfondi dans les
quartiers de Cracovie.
Le
temps. C'est qu'il commence à nous manquer cruellement, celui-là!
On
a encore le privilège de compter en semaine...tant qu'on n'a pas défini de date de retour précise. Mais déjà sans s. On ne pourra cependant pas repousser à
l'infini.
Comme
une fatalité, tombe une première décision: ce sera pour juillet. Et nous sommes
fermement décidés à ne pas empiéter sur août. Pas tellement envie de rentrer,
mais le besoin, après une année de vagabondage, d'atterrir en douceur, de
prendre le temps, de le perdre, aussi, à satiété. Pour se réadapter,
s'installer, surtout revoir famille et amis.
Reste
à définir nos envies pour la fin du voyage. Nous décortiquons la carte routière,
visons le gris, si possible foncé, qui vire sur le noir: le relief.
Le
Parc national de Babia Gora en Pologne? Les montagnes nous affolent autant que
la nourriture, mais on les retrouvera incessamment sous peu.
On
se tourne alors vers le vert, ponctué de bleu. Pourquoi pas du vélo dans les
forêts, le long des rivières et au bord des étangs? Dans une région pleine
d'histoire et de villes médiévales pittoresques... et donc de terrasses.
Vélocipédzer
le long de la Wisla dans l'atmosphère estivale et légère de l'effort réduit à son
minimum, agréable en cette fin de voyage, nous a envoûté.
Alors
on surfe sur internet à la recherche de vélo le long de...
De
l'Elbe, magnifique, mais trop au nord. Du Danube, entre Linz et Passau,
splendide, mais trop cher, fini les terrasses. Du canal de Bata... top! Les
images sur Google nous enchantent. Huitante kilomètres de piste cyclable entre
Kromērìz et Hodonin, en Moravie du sud.
Et
c'est parti!
15
juillet 2015. Quinze heures cinquante-cinq. Nous entrons dans le dernier pays
de notre périple, avant de mettre le cap sur la Suisse.
La République Tchèque
Le
paradis des cyclistes. Tout simplement merveilleux. Un réseau de pistes qui
tourbillonnent autour des villes, des étangs, le long des rivières, qui
quadrillent les champs de blé, de maïs et de tournesol. En excellent état, extrêmement
bien indiquées, pour tous les niveaux. Des bars jalonnent les tracés,
essentiels dans la chaleur redoutable de ce mois de juillet 2015.
Tourisme cent pour cent tchèque dans le petit camping animé au bord de la rivière Morava. Loïse réapprend le vélo "toute seule" qu'elle maîtrisait avant le voyage, et quitte enfin la barre.
Nos
pensées s'envolent vers la Belgique alors que nous pédalons. Presque aussi plat
que le plat pays, des canaux à longer jusqu'à plus soif, et de la bière, de la
bière, et encore de la bière, par litron. Les tables croulent sous les chopes.
Blondes, brunes ou rousses, elles apparaissent le soleil à peine levé et
s'entrechoquent jusqu'au petit matin, la boucle est bouclée.
Magnifique boucle pour nous aussi. 45 kilomètres entre Napajedla, notre pied à terre, et Kromērìz, le long du canal et dans la campagne environnante, avec une pause piscine obligatoire sous la canicule, les eaux brunâtres de la Bata ne se prêtant guère à la baignade.
Le
lendemain, une quarantaine de kilomètres nous mène au sud du canal, vers de
petits étangs devenus enchanteurs dans la chaleur dense et épaisse qui nous
emmaillote, de celle qu'on peine à transpercer. Les terrasses défilent. Kolada,
bonaqua, glaces, tout est bon pour autant que ce soit liquide et frais...
Dernier
apéro avant le retour délicieusement revigorant contre un vent d'orage, de
face, tant pis, au milieu des canetons et des lièvres bondissant.
Cap
(le dernier) sur la région des étangs autour de Trébon, en Bohème... un autre
paradis cycliste.
Telç,
petite cité médiévale pleine de charme, nous accroche au passage.
Dernier repas à l'intérieur de Caracol.
Dernier bivouac sur le parking de la ville qui nous dévoilera les façades colorées de
ses maisons étroites et plates le lendemain.
Et une fois de plus, un de ces hasards de voyage, une de ces rencontres inouïe. Une voiture s'arrête et nous laisse passer... puis nous lance: "vous n'étiez pas chez Vladimir, vous, des fois?" Nous reconnaissons alors le Belge avec qui nous avions passé quelques folles journées et beuveries en 2006, chez notre cher ami de Bucovine.
Petite halte à Trébon. Encore une de ces villes aux centres historiques plaisants qui foisonnent en
Tchéquie, quadrillée de pistes cyclables et envahie par les vélocipèdes.
Un
petit camping simple et rustique au bord d'un petit lac pour notre dernière
pause avant le retour. Des sanitaires plus que basiques, des moustiques
vrombissants, des guêpes agaçantes, mais un vrai petit bijou! Un lac sauvage en
prolongement de notre terrasse, des arbres nous offrant une ombre agréable,
beaucoup d'espace car peu de monde, un endroit cent pour cent tchèque, des voisins
très sympathiques. On ne pouvait espérer mieux pour y couler nos derniers jours
de voyage heureux.
Les
filles à peine arrivées nous font faux bond, entraînées par leurs amies Monica
et Adela. La barrière de la langue est définitivement rompue.
Quant
à nous, le ballet des "dernières" a commencé. Dernier blog, dernier
coup de balai, dernier gâteau et dernier pain dans le four magique...
Dernières balades... à vélo.
Et
cette fois-ci, ça y est! On commence à compter en jours. Le retour est
imminent, on baigne dans une ambivalence de sentiments et d'émotions. Le
bonheur de retrouver ceux qui nous sont chers, la joie de regagner des terres
connues, du Jura sauvage aux splendides Alpes, en passant par le bleu Léman et
l'Auberge des Vignerons à Epesses, l'impatience de piétiner à nouveau les pavés
de la Place de la Palud, de redescendre la Venoge, de renouer avec les apéros
qui n'en finissent plus de s'étirer à la Romanellaz et à la plage.... et à la
fois un sentiment de fin, de non-retour, parce que plus jamais on ne vivra
cette vie-là, celle qu'on s'était choisi le temps de.
Avec
en arrière-fond la peur de perdre cette inestimable liberté, d'oublier la
merveilleuse élasticité du temps, de ne plus pouvoir le perdre, simplement, de
devoir toujours le gagner.
Une
fois quittée la Roumanie, nos amis Vladimir, Babi et Gigi, nous avons tous deux
eu le même sentiment. Le voyage était en train de se terminer. La suite, nous
l'avons appelée "vacances", mais on aurait aussi bien pu la nommer
" transition". Une transition douce vers la Suisse en passant par des
pays magnifiques, malheureusement méconnus, et pourtant débordant de richesses,
tant culturelles, naturelles que sportives.... mais qui nous rapprochait irrémédiablement
de chez nous.
En mettant le cap sur le nord, nous avons définitivement quitté le bassin méditerranéen,
les peuples du sud et du soleil. L'insouciance, la légèreté, la fraîcheur, la
spontanéité.
En
Hongrie, Slovaquie, Pologne et Tchéquie, on s'est retrouvé catapulté dans notre
petite schweiz par bien des aspects: jardins proprets, bien clôturés, géraniums
et petits nains, perte d'élasticité dans les horaires et les règles qui sont
soudain extrêmement bien respectées. Une certaine rigueur gagne la vie, on se
fait remettre en place sur les pistes cyclables parce qu'on s'arrête au mauvais
endroit, il ne faut surtout pas traverser au rouge ni enfourcher son vélo dans
les ruelles interdites aux cyclistes. Les voitures encombrent à nouveau les
routes, ça bouchonne de partout.
On
retrouve une culture du loisir et le goût de l'effort avec les sentiers de
montagne grouillant de monde, les pistes bondées de cyclistes.
D'autres détails nous rappellent que nous avons laissé le sud derrière
nous. Le corps blanc d'Yvan ne choque plus, il se fond dans la masse. Après des
mois de parade en t-shirt devant des locaux encapuchonnés et transis, on se
surprend à se couvrir au moindre nuage tandis que polonais et tchèques se découvrent.
L'impression
donc de s'être indéniablement rapprochés de la Suisse, et pourtant, on ne s'est
jamais senti aussi "étranger": les relations se font plus distantes,
on ne se salue plus, la curiosité laisse place à l'indifférence, l'élan vers
l'autre se fige.
Les
rencontres sont moins spontanées et plus difficiles.
Voilà.
Installés au bord de notre charmant petit lac, nous mettons la touche finale à ce
dernier blog.
La
nostalgie à bout de lèvres, nous vous livrons en vrac nos dernières
impressions...
...
petit feed-back sur cette belle année de vagabondage.
Et
tout d'abord
Nos
coups de cœur
Coup
de cœur pour la magnifique Grèce, ce pays magique dont chaque montagne,
chaque forêt, source, île porte la marque d'un dieu, d'une déesse, d'un héros.
Chaque lieu raconte une histoire. Un pays pas si vaste, facile à parcourir,
avec d'énormes étendues sauvages, et d'une variété inouïe. Mer, Îles, péninsules,
montagnes, rivières et forêts chargées de faune et flore très riche.
Et
quand on ajoute à cela la cuisine grecque et ses produits du terroir
sublimes....
L'Italie
pour sa gaieté, son humour, les contacts faciles, la langue chantante et belle,
les villes décadentes pleines de charme, avec un coup de cœur tout spécial pour
la Sicile et les magnifiques îles Éoliennes, l'immersion dans le monde des
volcans, la découverte d'une vie insulaire très agréable hors saison.
La
belle ville de Grenade en Espagne, la vie nocturne animée des bars à tapas,
la beauté de son environnement proche, et bien sûr la Sierra d'Andujar,
captivante, fascinante, cette immersion dans une nature sauvage où dominent les
cris des animaux, où les sens s'affolent, tant ils sont sollicités. Ambiances,
odeurs, images..... Et cela malgré l'obstination du lynx à nous éviter!
Le
Portugal rural, traditionnel, et l'intérieur des terres magnifiques, aux
villages médiévaux ensorcelants. Porto et ses vagues gigantesques, sa
promenade, sa ville aux dimensions humaines... et le Porto bien sûr!
L'Albanie
pour ses contacts plein de chaleurs, les beaux moments d'échanges avec des gens
magnifiques, pleins d'espoir pour leur pays et aux valeurs qui chez nous se
perdent, encore bien ancrées.
La
Turquie, une vieille histoire d'amour, pour ses rencontres spontanées
pleines de chaleur et d'ouverture sur l'autre, ses contrastes entre modernité et
tradition, ses sites magnifiques, la grande diversité culturelle et géographique
qu'offre un si vaste pays, les vacances en voyage au bord de la mer. La Turquie
pour sa porte ouverte sur l'Asie et les rêves de voyage les plus fous,
l'attrait irrésistible de l'Anatolie de l'Est, de l'Iran, de l'Asie Centrale et
de la Chine qui se retrouvent soudain à portée de main.... Et pour ses envoûtantes
odeurs de viande grillée qui vagabondent dans les ruelles, à toute heure du
jour et de la nuit.
La
Roumanie, une encore plus ancienne histoire d'amour, elle est vraiment
greffée sur notre cœur, celle-là, pour la gentillesse de ses habitants, les
contacts sympathiques, la vie traditionnelle de ses vallées et villages qui
nous propulsent hors du temps, la mamaliga, sa nature incroyablement sauvage,
avec un coup de cœur particulier pour le nord, la Bucovine et le Maramures....
et bien entendu nos amis Vladimir, Babi et Gigi!
Et
enfin la Pologne et la Tchéquie, que nous avons à peine commencé à connaître et
que nous nous réjouissons de découvrir dans les années qui viennent.
La
Pologne pour sa magnifique chaîne des Tatras, le petit avant-goût de
Suisse qu'elle nous a donné, rendant le retour moins abrupt, pour la splendide
ville de Cracovie et ses terrasses design.
La
Tchéquie pour les charmantes petites villes de Moravie et de Bohème, et
surtout l'incroyable réseau de pistes cyclables qui quadrillent tout le pays, où
il fait bon pédaler, les innombrables étangs qui paressent au soleil, dans un
environnement sauvage où il fait bon nager, la vie cool et tranquille, l'ambiance
estivale des bars et terrasses bondés et toujours animés.
Les
plus grandes richesses
La
liberté, le temps infini devant soi, le temps partagé avec les enfants.
L'agenda...
définitivement vierge.
La
vie cent pour cent à l'extérieur, ou presque, l'immersion dans la nature, les
sens en effervescence.
La
découverte de la faune et de la flore avec les filles, leurs yeux qui
absorbent, qui pétillent.
L'école
autrement.
Le
rythme de vie, très souple.
Les
belles rencontres, bien que pas aussi spontanées et nombreuses que lorsqu'on
voyage à vélo. Le bonheur de vivre avec l'essentiel, les plaisirs simples.
L'approche
d'un pays au travers de sa gastronomie.
La
grande liberté et la spontanéité que permet la vie de "nomades" en
camping-car, la route qui se dessine au fil des envies, des rencontres. La
grande place laissée à l'imprévu.
L'incroyable
beauté, diversité et richesse culturelle rencontrées dans une Europe somme
toute petite, qui nous permet de flâner sur une échelle à dimension humaine.
Les
plus grandes difficultés
Devoir
attendre deux heures tous les matins que chacun se réveille, surtout en hiver où
il était difficile de quitter la couette (dixit l'insomniaque).
L'humidité
constante en hiver. Le froid aussi, permanent, dedans, dehors, l'impression de
ne plus pouvoir se réchauffer.
Composer
avec le rythme de vie de chacun, dans un espace restreint où on vit les uns sur
les autres.
Le
rythme de vie parfois trop intense, l'envie de découvrir toujours et
l'incapacité de se poser et de ne rien faire (mais ça c'est notre problème).
La course à la connexion performante pour le blog.
Les
plus grands manques
Un
petit week-end à deux, un concert, un théâtre, un ciné, une terrasse en tête à tête.
Les
amis et la famille.
Nos
spécialistes de la médecine douce à portée de main.
Un
vrai lit. Nos dos ont souffert cette année....
À
notre plus grande surprise, le petit espace ne nous a pas pesé, on s'y est fait
très rapidement, de même qu'au soit-disant manque de confort. Le soleil qui a
intensément brillé cette année y a contribué, la nature s'ouvrant, infinie,
devant notre maison. Très peu de pluie, la palme des journées les plus humides
revenant sans aucun doute à la fameuse semaine de Porto, et les gouttes
s'organisant le plus souvent de façon à tomber durant nos journées de route (et
non l'inverse).
En
revanche, un hiver très froid et long.
Et
c'est parti!
En
route pour nos deux dernières journées de voyage à travers l'Allemagne puis la
Suisse, pour regagner nos pénates.
Avec
une seule préoccupation en tête. À quand le prochain voyage?
Les destinations ne manquent pas!
Les destinations ne manquent pas!
A bientôt!!!